dimanche 16 mars 2008

Technique natation


Les erreurs les plus fréquentes que j'observe quotidiennement chez les triathlètes en natation, sont :

POSITION DE LA TÊTE
Pour un nageur de demi fond, la tête doit rester en position neutre. Elle est bien souvent beaucoup trop relevée. Problèmes engendrés : résistances à l'avancement, affaissement des hanches et lordose lombaire plus marqués et fatigue excessive des muscles retours (trapèzes, deltoïdes postérieurs,...); n'oublions pas que pour un triathlète, ce sont entre 600 et 4000 actions motrices le jour de la course (et non 30 comme un sprinter). Donc les contraintes ne sont pas les mêmes.

LA RESPIRATION
L'inspiration n'est pas complète ou alors il y a un blocage respiratoire dans la nage, Ce blocage peut être utile chez des nageurs de sprint (50m et 100m) (meilleur maintien de la tête dans l'alignement du corps, pression intrathoracique supérieure donc flottabilité et force développée sous l'eau accrues). En revanche, un nageur de demi fond et à fortiori un triathlète ne doit avoir aucun blocage respiratoire : cela ne va faire qu'augmenter le taux de lactates et vider prématurément les réserves de glycogène. Concernant, le rythme respiratoire, je dirais qu'il reste libre suivant le bien-être des nageurs (2 temps, 3 temps, 2/3/2/3,...). Mais pour les nageurs de niveau moyen, la respiration 3 temps est à privilégier (meilleure symétrie dans la nage, meilleure prise d'information, déséquilibre moins marqué,...)
Remarque : je ne comprends toujours pas (sauf allergie au chlore ou autre) comment on peut bien s'oxygéner avec un pince nez?

LE ROULIS
Le crawl n'est pas une nage ventrale, mais plutôt une nage costale, où nous ne sommes les épaules à plat que lors des phases intermédiaires (moins de résistances à l'avancement et surtout meilleur engagement du grand pectoral et du grand dorsal - les épaules à plat, seuls les deltoïdes sont recrutés.) En revanche, beaucoup de triathlètes ont beaucoup de mal à dissocier les 2 ceintures lors du roulis, surtout lors des inspirations, et à ce moment, les hanches ont tendance à beaucoup TROP TOURNER, ce qui fait qu'une jambe passe par dessus l'autre - donc perte du rôle du battement équilibrateur, et résistance frontale considérable.

LE GAINAGE
Beaucoup disent - "Je manque de gainage dans l'eau - donc je vais faire du gainage à sec pour m'améliorer". 9 nageurs sur 10 ont une tonicité musculaire suffisante pour bien nager; ce qui leur donne ce sentiment est le fait qu'à un moment donné dans leur nage, ils croisent l'axe du corps. Soit lors de l'attaque de bras, bien bien souvent, lors du trajet moteur, lors de l'inspiration : par exemple, lorsqu'ils inspirent à gauche, la main droite, à la moitié du trajet moteur, est rendue sous l'épaule gauche - c'est cela bien souvent qui donne l'illusion d'une nage en serpent.

LE MANQUE DE FLEXION DES CHEVILLES
Beaucoup de triathlètes ont les chevilles à 90° quand ils nagent, ceci induit:- des résistances à l'avancement accrues - une flexion trop marquée de la jambe au niveau du genou lors du battement- voire une rotation externe de la jambe par moment dans la nage. Sans vouloir rechercher la flexibilité d'une danseuse étoile, un minimum de souplesse est requis, pour maintenir cette flexion sans contraintes (du travail à sec ou du travail avec des Zoomers peuvent grandement aider).

LES COUPS DE BRAS
Encore un mythe autour de ce concept. Si vous faites plus de 30 coups de bras par longueur (50m), vous êtes un nul...sauf que certains nageurs/triathlètes internationaux nagent avec une amplitude de 2,0m par cycle (voir 1,80m), soit entre 0.90m et 1.00m par coups de bras (environ 50 mvts par longueur si l'on occulte les coulées). La plupart qui cherche (à trop) diminuer le nombre de coups de bras par longueur, mettent des temps morts dans leurs nages, ce qui tue leur tempo (meilleurs nageurs en eau vive - 38-44cycles/mn....), changent leur coordination bras/jambes (de battements 2 temps à 6 temps),...

NAGE DE "BOURRINS"
Certains disent: "les triathlètes nagent comme des bourrins et manquent de technique (même à haut niveau)". Rappel important : l'on ne fait pas du patinage artistique et il n'y a pas de note artistique, et la beauté du retour aérien n'a pas a être des plus fluides et des plus relâchés - quand je vois que certains aligner le 1500m en eau vive en 16'30" ou alors les 3800m en 47'00, peut on dire que la technique est mauvaise? surement que non !! elle a été optimisée pour nager en milieu ouvert, avec une promiscuité entre les nageurs, le clapot, une nage très réactive et non standardisée, qui s'adapte sans cesse aux conditions de course, ... (en photo ene haut, le premier pack lors du tri d'Hawaii 2006 - noter combien sont relacher sur le retour aérien???) - Même beaucoup de nageurs de bassin nagent ou ont nager bras tendus (KLIM EVANS,NYSTRAND, ...) J'ai pu observer bon nombre de triathlètes élites (Craig WALTON, Emma SNOWSHILL, Reinaldo COLLUCCI, Dave SCOTT, Frank BIGNET, Chris LEGH, Cameron BROWN, Delphine PELLETIER, Loretta HAROPP, Yohan VINCENT, Charly LOISEL, Wolfgang DITTRICH, Wes HOBSON, Johanna ZEIGER, Michael LOVATO, Olivier MARCEAU, Simon LESSING, Carla MORENO,...) en piscine, et la plupart ne sont des exemples pour des écoles de natation ;) au niveau fluidité et relâchement, ils n'en restent pas pour le moins efficaces...

Petite vidéo de Grant Hackett
Attention, cette vidéo n'a pour but que d'illustrer certains points techniques. Une telle efficience (14'34"56 au 1500m en grand bain) n'a été acquise qu'après une quinzaine d'années de natation à raison de deux séances par jour, 50 semaines par an (moyenne de 60-100km par semaine)....ce n'est pas un triathlète qui nagent 2à3x 2500m/3000m par semaine qui pourra arriver à cela - donc le but n'est pas de vouloir copier cette technique ... Beaucoup l'oublient! Plusieurs choses sont remarquables (la stabilité des hanches, le roulis des épaules (plus marqué d'un coté que de l'autre), l'expiration immédiate dès le retour de la tête sous l'eau, la continuité des actions motrices,...)